Leadership de la pensée
Des partenariats fondés sur la précision : Une formule de collaboration fructueuse sur un marché en pleine évolution
Face aux marchés, qui évoluent rapidement, un solide partenariat est essentiel pour une collaboration efficace. Notamment dans des secteurs marqués par des avancées technologiques continues, les efforts de coopération entre diverses parties prenantes peuvent donner des résultats transformateurs en favorisant l’innovation et l’adaptabilité de chacun.
Le groupe Geospatial Content Solutions (GCS) de Hexagon associe les 100 ans d’expertise de Leica Geosystems dans la construction de capteurs aériens avec plusieurs décennies de compétences cartographiques. Le Content Program de Hexagon est l’un des résultats les plus impactants de cette combinaison de compétences. Aujourd’hui, GCS continue d'innover grâce à des partenariats qui profitent à l’ensemble de l’écosystème de contenu : les clients, les prestataires de services de cartographie et la communauté géospatiale à l’échelle locale et mondiale. Dans cet entretien, John Welter, président de GCS au sein de la division Geosystems de Hexagon, aborde le thème de la convergence de l’innovation technologique et du développement commercial chez Hexagon pour répondre aux exigences d’un monde en pleine évolution.
Le rythme des innovations technologiques et des changements est rapide et le secteur des données géospatiales n’y est pas étranger. Comment l’unité GCS s’est-elle adaptée aux évolutions constantes du secteur au fil des décennies ?
Il y a en effet, deux aspects dans nos efforts d’innovation, la technologie et l’activité commerciale. Le matériel et les logiciels utilisés pour recueillir et traiter les données forment le plan technologique. En termes de matériel, nous sommes partis de caméras à film pour évoluer vers des capteurs numériques. Récemment, nous avons aussi introduit des offres hybrides. Ces capteurs hybrides capturent des images aériennes et données LiDAR simultanément. C’est une combinaison de nos deux grandes gammes d’instruments. Sur le plan du logiciel, l’évolution a été accélérée par le cloud, qui permet de traiter des ensembles de données de plus en plus volumineux. Les projets qui, par le passé, prenaient une année ou deux peuvent maintenant être exécutés en un mois environ.
Chez Hexagon, nous avons non seulement observé une évolution technologique majeure, mais aussi identifié des changements d’ordre commercial. Nous nous sommes trouvés dans une position unique, travaillant avec de grandes entreprises technologiques qui avaient besoin de données géospatiales pour l’ensemble des États-Unis et de l’Europe. Mais elles préféraient collaborer avec une organisation unique capable de consolider et de fournir un produit cohérent avec des spécifications fiables plutôt que de travailler avec des dizaines de sociétés de cartographie aérienne régionales.
Nous avons identifié une demande pour un flux de données global et c’est ainsi que nous avons commencé à établir le Hexagon Content Program. Notre cercle de clients savait comment utiliser nos technologies matérielles et logicielles, mais n’avait peut-être pas la portée commerciale nécessaire. Nous avons donc décidé de changer le paradigme afin de traiter de grands projets avec le Hexagon Content Program.
Aujourd’hui, nous sommes ravis que 60 à 70 % des données que nous collectons chaque année viennent des utilisateurs de nos capteurs aériens,, autrement dit, les sociétés de cartographie aérienne régionales. Nous survolons nous-mêmes certaines zones avec l’acquisition de Northwest Geomatics, KASI Aviation et COWI, mais la majorité des vols sont effectués par les acheteurs de nos capteurs. Dans le flux de traitement, nous rendons tous les produits de données cohérents et les mettons sur le marché.
Pour Hexagon, l’innovation majeure au cours des dernières années a donc été l’association de sa technologie avec l’expertise de ses clients pour former des partenariats au service des utilisateurs finaux partout dans le monde.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la manière dont GCS a formé des partenariats afin d’aborder efficacement ces mutations technologiques, commerciales et relationnelles ?
Chez GCS, nous modernisons les modèles d’affaires autour de la cartographie dans le but de rendre tout l’écosystème du contenu plus durable. Cela implique d’établir une voie de progression pour les experts en cartographie et les utilisateurs de capteurs aéroportés présents sur le marché depuis des décennies.
Notre focalisation sur les partenariats est animée par le désir d’aider ces acteurs à anticiper de nouveaux développements commerciaux afin d’être pérennes. C’est extrêmement important pour nous parce que cela permet au secteur de répondre aux besoins croissants et d'offrir des opportunités professionnelles aux jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi.
Du point de vue commercial, la durabilité maintient les experts sur le terrain et aide à répondre aux nouvelles demandes en matière de données. Si tous les topographes ou photogrammètres disparaissaient, qu’adviendrait-il de notre monde ? Comment gérons-nous ce que nous ne pouvons plus mesurer ? Nous sommes convaincus que notre développement est intimement lié au succès de nos clients. Il y a peu de nouvelles entreprises dans le domaine de la cartographie aérienne. Nous devons donc aider nos clients actuels à développer leurs activités. La clé réside dans la collaboration.
Pouvez-vous citer quelques exemples de partenariats réussis dans le cadre de l’Écosystème de Contenu ?
Je peux présenter deux exemples récents de partenariats qui profitent à toutes les parties impliquées. Le premier concerne GeoSpace International, un excellent client sud-africain qui utilise depuis longtemps déjà les caméras Leica DMC, une gamme de caméras de cartographie numériques photogrammétriques grand format. Actuellement, l’entreprise se sert du tout dernier modèle, à savoir le DMC III. GeoSpace a eu l’occasion de participer à un grand projet générant des données d’élévation pour toute l’Afrique du Sud. Alors que l’entreprise avait les capacités de collecte nécessaires, elle ne disposait pas des ressources de traitement. Elle s’est donc adressée à nous pour obtenir de l’aide.
"Pour Hexagon, l’innovation majeure au cours des dernières années a donc été l’association de sa technologie avec l’expertise de ses clients pour former des partenariats au service des utilisateurs finaux partout dans le monde.”
À cette époque, le Hexagon Content Program était entièrement opérationnel en Amérique du Nord et en Europe occidentale. Nous fournissions près de 5,18 millions de kilomètres carrés de données aériennes par an. En plus du cloud, Hexagon avait établi des centres de traitement à Calgary, à Atlanta et en Pologne. Nous avions également le personnel nécessaire pour gérer ces opérations. De plus, nous avions élaboré les spécifications de produit et les flux de travail pour fournir des données d’une qualité constante sur de grandes zones. Nous avons collaboré avec GeoSpace et adapté nos opérations de traitement ainsi que nos capacités pour effectuer le travail. C’est de cela qu’il s’agit : trouver de nouvelles voies pour aider nos clients à aller de l’avant.
Le deuxième exemple ne concerne pas un client existant, mais illustre notre flexibilité à nous engager aux côtés d’un leader dans un autre secteur pour un bénéfice mutuel. Établie aux Pays-Bas, la société Cyclomedia, était l'une des entreprises pionnières dans la cartographie mobile, utilisant des véhicules équipés de caméras et de systèmes LiDAR pour relever des ensembles de données de rue sur 360 degrés. Il y a quelques années, elle a commencé à recevoir des demandes pour réaliser des scènes plus complètes, principalement des jumeaux numériques de l’environnement entier.
Cela exigeait l’intégration de données aériennes en combinaison avec les données de cartographie mobile de Cyclomedia pour générer un jumeau numérique 3D d’un environnement urbain. Nous avons travaillé avec l’équipe sur divers projets, ce qui a abouti au produit Supermesh, un ensemble de données hyperréaliste réunissant le meilleur des données terrestres et des données aériennes. C’est une vue unifiée qui peut être utilisée dans de nombreuses applications 3D. Nous voyons un grand potentiel de croissance dans ce secteur et il y aura sans doute plus d’annonces de la part de Hexagon et de Cyclomedia au cours des prochains mois.
Le partenariat avec Cyclomedia montre comment deux sociétés ont réuni leurs compétences pour s’établir sur un nouveau marché où aucune des deux parties n’aurait pu s’imposer seule. Tout cela pour dire que Hexagon est une entreprise créative et flexible. Si vous avez une idée de partenariat capable de servir les utilisateurs finaux, nous sommes prêts à l’écouter. En combinant nos compétences, nous pouvons faire progresser tout le domaine du géospatial.
Après ces considérations relatives au secteur privé, passons à présent aux tendances observées dans le secteur public. Pouvez-vous nous faire part de votre point de vue ?
Dans le secteur public, le National Aerial Photography Program (NAPP), établi il y a quelques années, est passé d’un intervalle de collecte de données de cinq ans à un intervalle de deux ans avec l’actuel National Agricultural Imagery Program (NAIP). Les parties prenantes se sont ainsi diversifiées. Dans certains cas, des dizaines de clients mutualisent leurs fonds. Le défi réside dans leurs différentes exigences, spécifications et attentes vis-à-vis des données. Nous les aidons souvent à comprendre l’importance de la standardisation et à analyser leurs besoins en termes d’informations géospatiales et de mode d’acquisition.
La plus haute résolution spatiale est un autre changement majeur intervenu dans le domaine du NAIP et d’autres programmes du secteur public Elle est passée de deux mètres à un mètre, puis à 60 centimètres et aujourd’hui à 30 centimètres. Une résolution plus élevée implique un plus grand volume de données à traiter et à fournir, ce qui génère de nouveaux défis.
La génération Z et des milléniaux a été élevée avec le principe de l’immédiateté, la disponibilité sur simple pression d’une touche du smartphone. Pour elle, l’idée d’attendre des années pour actualiser une carte est incongrue. Cela est bénéfique pour le domaine géospatial à différents égards.
Mais le traitement de plus grands ensembles de données pose aussi des challenges aux clients. Cela a abouti à la généralisation des solutions cloud. Nous avons été amenés à faire évoluer en continu notre collecte et notre fourniture de données pour nous adapter à ces produits de plus haute résolution. Beaucoup d’efforts sont consacrés aux systèmes de fourniture, tels que le travail effectué avec Hexagon Digital Reality (HxDR).
Ce qui est intéressant, c’est que la demande éperonne parfois l’évolution technologique, alors qu’à d’autres moments c’est l’inverse. Ainsi, par exemple, l’intelligence artificielle (IA) et notre aptitude à relever et traiter des données plus fréquemment ont eu un impact sur certains secteurs et applications. Dans le domaine privé, il y a des sociétés qui survolent des zones urbaines tout le temps, qui prennent des images et utilisent l’IA pour suivre les changements,comme les dommages occasionnés par des tempêtes. De nombreuses entreprises s’appuient sur des mises à jour régulières d’images pour cibler la couverture de réparations de toits de maison endommagés par la grêle et d’autres tempêtes. La technologie a permis une telle application, mais comme la demande stimule maintenant la technologie, nous observons de nouveaux domaines d’application émerger.
Compte tenu de la transformation continue du secteur géospatial, quel effet cela aura-t-il selon vous sur l’évolution de la main-d’œuvre ?
Voilà un aspect problématique. Il est certain que le secteur manque de personnel qualifié. Autrefois, la photogrammétrie et la topographie étaient des matières courantes dans la plupart des universités techniques, mais aujourd’hui la photogrammétrie est en voie de disparition en Amérique du Nord. Les grandes écoles se sont concentrées sur le génie civil, le SIG ou la géographie. Il y a donc une pénurie de connaissances. Ceux qui démarrent dans le secteur ont suivi des formations différentes de celles des générations précédentes.
De plus, nous devons être mieux préparés aux attentes de la génération Z et des milléniaux. Elle a été élevée avec le principe de l’immédiateté, la disponibilité sur simple pression d’une touche du smartphone. Pour elle, l’idée d’attendre des années pour actualiser une carte est incongrue. Cela est bénéfique pour le domaine géospatial à différents égards. Lorsque cette génération arrivera dans le secteur et grimpera les échelons, elle souhaitera naturellement accélérer les évolutions technologiques et les innovations abordées antérieurement. Mais cela nous confronte à la pénurie de qualifications. En tant que secteur, nous devons trouver des moyens pour combler le fossé entre les attentes et les capacités afin de continuer à faire progresser la technologie. Cela impliquera des compromis.
L’industrie géospatiale doit apprendre à mieux travailler avec le milieu universitaire et vice versa. C’est à ce niveau que le problème de la qualification pourra être résolu. La première chose à comprendre est le désir d’aventure des jeunes d'aujourd’hui. Lorsque j’étais un jeune employé de Northwest Geomatics, je voyais le monde depuis le siège arrière d’un avion en utilisant une caméra. Des aventures comme celle-ci sont rares dans la plupart des emplois actuels. Les universités doivent souligner cet aspect attrayant du géospatial.
Nous devons rendre les jeunes conscients du fait qu’une carrière dans la topographie et la cartographie peut être remplie d’aventures et apporter une grande satisfaction à plusieurs égards : la contribution à la protection des espèces en danger, de l’environnement et à la préservation des forêts tropicales, par exemple. Le secteur devrait travailler main dans la main avec le milieu universitaire pour créer des stages qui mettent en lumière les nombreuses opportunités offertes par les professions géospatiales.

Lisez l’article sur l’aide que Hexagon Content Program apporte aux professionnels des toits à l’échelle des États-Unis.
